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« Les traces de la générosité :
La philanthropie entre désir de laisser une trace et mémoire collective »

*Une analyse du rapport au temps : un regard porté sur l’avenir
Ce projet vise à comprendre la philanthropie à l’aune du rapport au temps des donateurs. De nombreuses recherches ont porté sur le rapport au passé des élites, en montrant les stratégies de transmission, de gestion du patrimoine, l’attention portée à l’héritage, aux lignées. Peu de travaux s’intéressent en revanche au rapport à l’avenir des élites, en termes d’influence ou d’impact. Analyser les traces matérielles de la philanthropie permet de comprendre le rapport à l’avenir particulier qu’entretiennent les donateurs, à partir, précisément, des manières dont ils se projettent et des traces qu’ils souhaitent laisser.

*Les traces matérielles de la générosité : les contreparties comme forme d’éternité ?
Pour s’intéresser au rapport au temps des donateurs, nous allons nous centrer sur « ce qui reste » une fois la donation faite. En effet, une grande partie des institutions propose aux donateurs des contreparties matérielles, notamment à travers la mise en place de plaques de donateurs, nominales ou multiples, mais également de bancs, statues, bâtiments qui portent les noms des donateurs pour 10, 20, 100 ans. Lorsque le donateur meurt, le nom – et la plaque portant ce nom – demeure. Se pose également la question de l’appropriation des biens publics par des acteurs privés – à travers l’apposition de leur nom sur des bâtiments qui appartiennent à la nation. Ainsi, à partir d’un matériau à construire autour des différentes inscriptions des dons philanthropiques dans l’espace urbain, institutionnel, social, patrimonial, cette enquête vise à mieux connaître les ressorts imaginaires et symboliques des donateurs, mais aussi de saisir, à partir de cas concrets, les formes de négociation avec les professionnels de la philanthropie sur la place des mentions des donateurs dans les projets.

*Les objets, un enjeu philanthropique : des méthodes diverses
Les objets et inscriptions représentent ainsi un enjeu important pour les donateurs, mais également pour les institutions qui les proposent. Il s’agira d’analyser plusieurs éléments, en utilisant une variété de méthodes, mêlant ethnographie et entretiens :
1) Une ethnographie de la matérialité philanthropique
Etudier la matérialité des plaques et autres objets : la forme, le matériau utilisé, la graphie, l’emplacement - Analyser la mise en scène de soi qu’elle suppose.
2) Des entretiens avec les mécènes
Etudier le rapport des mécènes à cet objet (quel qu’il soit – une plaque, un bâtiment) et le rapport au temps qu’il exprime
3) Des entretiens avec les professionnels du mécénat
Interroger les professionnels du mécénat sur les enjeux de ces objets et les négociations qu’ils ont dû mener à ce propos
4) Des archives
Consulter des archives au sujet de ces objets

*Champs dans lesquels s’insère cette recherche
– Sociologie des élites
– Sociologie de la culture
– Sociologie de la philanthropie
– Anthropologie des objets
– Anthropologie/sociologie du temps
– Histoire, rapport au passé, traces